Publié par riahik le

Article Plante & Santé Doctolib
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Article Plante & Santé Doctolib

Depuis plus de cinq ans, la plateforme de prise de rendez-vous en ligne Doctolib a intégré des professions médicales « non réglementées ». La semaine dernière, une polémique a enflé sur Internet concernant la présence sur le site de naturopathes se réclamant de certaines approches comme celle d’Irène Grosjean. Une polémique qui ravive les critiques à l’encontre de la profession. Les deux principaux organismes représentant la profession de naturopathe, l’Omnes et la Féna, répondent à ces attaques.

Depuis plus de cinq ans, la plateforme de prise de rendez-vous en ligne Doctolib a intégré des professions médicales « non réglementées ». La semaine dernière, une polémique a enflé sur Internet concernant la présence sur le site de naturopathes se réclamant de certaines approches comme celle  d’Irène Grosjean. Une polémique qui ravive les critiques à l’encontre de la profession. Les deux principaux organismes représentant la profession de naturopathe, l’Omnes et la Féna, répondent à ces attaques.

Vendredi 19 août, sur le réseau social Twitter, une internaute interpelle Doctolib sur la présence de naturopathes sur sa plateforme de rendez-vous,  accusant le site de « valider » cette profession non réglementée en la présentant aux côtés de professions dites « réglementées », comme les médecins, les sages-femmes ou les pharmaciens qui, elles, sont soumises à un ordre professionnel et à des critères de formation reconnus officiellement. Si, pour la plateforme, ce choix illustre que « la société évolue » et que certaines thérapies complémentaires sont de plus en plus intégrées aux parcours de soins classiques, cela n’a pas empêché la polémique d’enfler.

Certains internautes ont alors signalé des profils de naturopathes, présents sur Doctolib, qui se réclamaient de personnalités controversées comme Irène Grosjean (NDLR : une vidéo a notamment été très partagée dans laquelle la naturopathe nonagénaire incite à frictionner les organes génitaux de très jeunes enfants, tout en leur faisant baigner les fesses dans de l’eau très froide, afin de faire diminuer leur fièvre1. À la suite de cela, certains médias l’ont  accusée de  « recommander aux parents d’agresser sexuellement leurs enfants »). Lundi 22 août, Doctolib a finalement décidé de suspendre 17 profils de praticiens.

Une polémique révélatrice des tensions liées au manque de réglementation de la profession

Pour Julia Lévi, directrice de l’Omnes (Organisation de la médecine naturelle et de l’éducation sanitaire), la principale association de naturopathes en France : « Cet évènement reflète le fait que la naturopathie n’est pas encore une profession reconnue » et « les pratiques controversées d’une minorité de praticiens présents sur Doctolib ne doivent pas éclipser l’engagement, le professionnalisme et la déontologie de la majorité des naturopathes ».

Pour Mélody Molins, vice-présidente de la Féna (Fédération française de naturopathie) et fondatrice de l’Institut Hildegardien, c’est « précisément parce qu’il n’y a pas encore de contrôles, hormis ceux effectués par la Féna et l’Omnes, que ce genre de polémique peut avoir lieu ». Elle précise que la Fédération « œuvre justement pour apporter un cadre à la  profession afin que ce genre d’évènements ne se produisent pas ». Elle tient également à rappeler que les naturopathes exerçant au sein de son organisme ont une pratique « beaucoup plus scientifique » qui se « distingue totalement » des pratiques de certains naturopathes qui ont été mis en avant durant cette polémique.

De son côté, Julia Lévi souhaite que l’on ne « jette pas l’opprobre » sur toute une profession, dont la majorité des représentants a une pratique respectueuse, pour « quelques personnes ayant des pratiques non déontologiques ». Elle en appelle également « à la nuance » concernant la notion de « profession réglementée » au cœur de cette polémique récente : « Durant l’affaire Médiator, les professions impliquées étaient réglementées. Il faut donc faire la part des choses, la réglementation n’est pas une garantie de sécurité, elle l’augmente, mais elle ne fait pas tout. C’est un processus progressif qui n’arrive pas du jour au lendemain et qui est actuellement à l’œuvre concernant la profession de naturopathe. »

Une profession qui s’organise pour obtenir une norme AFNOR

En cours de reconnaissance, la profession de naturopathe a en effet mis en place une démarche d’organisation et de reconnaissance via l’élaboration d’une norme AFNOR, c’est-à-dire un référentiel précis pour le métier de naturopathe qui définira les pratiques autorisées ou non ainsi que les connaissances que doivent avoir les élèves en école de naturopathie pour valider leur cursus. En cours de rédaction et devant faire l’objet d’une consultation auprès d’organismes comme l’Ordre des
médecins, ce référentiel devrait être déposé sur le bureau de l’AFNOR d’ici à un an et demi.

En attendant, plusieurs organismes œuvrent déjà à l’organisation de la profession, notamment pour permettre aux particuliers de séparer le bon grain de l’ivraie. La Féna met actuellement en avant les naturopathes « bien formés » en leur attribuant un numéro d’immatriculation qui certifie, entre autres choses, que le professionnel en question n’a pas simplement suivi une formation de quelques jours ou de quelques mois, mais bien un cursus de 1 200 heures minimum comprenant des bases médicales (anatomie, physiologie, etc.) « de niveau infirmier » ainsi que des cours permettant à ce dernier de savoir réagir en cas d’urgence vitale. La Fédération demande également à ses adhérents de prêter serment et de respecter un code de déontologie précisant notamment que le professionnel « n’interviendra en aucun cas en lieu et place du médecin pour ce qui concerne le diagnostic ainsi que pour toute pathologie infectieuse, lourde ou lésionnelle », qu’il se « référera aux dispositions des lois sanitaires en vigueur [NDLR : comme en cas d’épidémies telle que celle du Covid-19]» et qu’il « se doit d’entretenir et de perfectionner ses connaissances » [NDLR : notamment au regard des nouvelles connaissances scientifiques].

De son côté, l’Omnes œuvre également aux niveaux national et international pour réaliser des études scientifiques et faire connaître celles « sourcées et revues par les pairs » crédibilisant la naturopathie avec une approche « rationnelle et cartésienne » (à l’image de l’ouvrage de 750 pages intitulé Health Technology Assessment – Naturopathy qui compile et met à jour l’ensemble des connaissances scientifiques liées à la naturopathie) et propose « un label exclusif et déposé d’Éducateur de Santé Naturopathe, gage de professionnalisme et d’engagement éthique ».

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Un décalage entre nouvelle et ancienne génération de naturopathes ?

À ceux qui voient dans cette polémique des différences d’approches du métier entre « vieux » et « jeunes » naturopathes, Julie Lévi répond que « comme pour toutes les professions de santé, la formation d’un naturopathe il y a quarante ans n’a effectivement rien à voir avec la formation d’un naturopathe aujourd’hui ». Toutefois, elle ne croit pas qu’il s’agisse d’un décalage générationnel, mais plutôt d’un « état d’esprit ». Comme elle l’explique, de nombreux naturopathes affiliés à l’Omnes ont déjà « un certain âge » et ont été pionniers d’un métier qui était alors peu structuré, mais ils restent complètement « pertinents et modernes » dans leur démarche, notamment parce qu’ils actualisent leurs connaissances (NDLR : les naturopathes Omnes s’engagent en effet à mettre à jour leurs savoirs en se formant au moins 21 heures par an).

Au-delà des polémiques, ces deux structures ont bien l’intention de continuer à œuvrer pour que la profession bénéficie prochainement en France d’un statut aussi reconnu que dans d’autres pays comme l’Allemagne.

Quelques indices pour reconnaître un bon naturopathe

À la suite de cette polémique, si vous vous demandez comment reconnaître un bon naturopathe, voici quelques conseils. Vous pouvez tout d’abord vous assurer qu’il dispose d’une certification Féna ou le choisir sur l’annuaire des 1 700 naturopathes agréés par l’Omnes (la Féna publiera début 2023 sur son site la liste des 5 000 à 6 000 naturopathes certifiés par la Fédération).

D’autres signes sont un gage de sérieux : 

  1. Le fait que le naturopathe s’enquière de vos traitements en cours et s’informe sur les possibles interactions entre vos médicaments et les traitements qu’il pourrait vous recommander, comme les compléments alimentaires.
  2. Votre naturopathe vous renvoie vers d’autres professionnels de santé (comme un médecin) pour des examens complémentaires (comme des prises de sang).
  3. Votre naturopathe affiche clairement ses tarifs en salle d’attente.
  4. Votre naturopathe vise toujours à vous éduquer et à vous rendre autonome dans la gestion de votre santé (sans vous obliger à dépenser des fortunes en compléments alimentaires, ni vous priver de certaines informations vous obligeant à le consulter très régulièrement).
  5. Enfin, comme le rappelle Julia Lévi de l’OMNES, malgré le côté pratique, un bon naturopathe n’effectue jamais une première consultation en visioconférence, car il doit observer des signes qui ne peuvent pas être perçus par vidéo. La première consultation est un « long travail d’anamnèse » durant lequel le praticien doit vous poser de nombreuses questions sur votre mode de vie.

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